Machine. C’est le mot qui vient à l’esprit devant l’émission Des paroles et des actes, diffusée sur France 2 ce jeudi 6 février 2014, et consacrée à Manuel Valls. À chaque question, le ministre au visage illuminé par des pupilles calibre 12 psalmodie comme un mantra « antisémitisme antisémitisme antisémitisme », même quand on lui parle de la pluie et du beau temps. Une obsession qui ne peut être produite que par un cerveau malade, dans un sens patricohénien, ou programmé. Mais qui aurait manipulé ce malheureux, et pour quoi ? C’est le même Manu qui répond à ces interrogations, avec une naïveté aussi touchante qu’inquiétante pour un patron du renseignement intérieur.
Le perroquet qui (ne) sait dire (que) « aaantisémitiiisme ! »
« Quand il s’agit de défendre nos valeurs, de combattre l’antisémitisme, le racisme, la peur de l’autre, quand il s’agit de combattre c’est le travail de la police, et de la justice, les actes, de profanation, de lieux de culte, juifs, euh, catholiques, musulmans bien sûr… »
Manu, obsédé par l’antisémitisme, est non pas judéo-, mais antisémito-centré. Dernière variante d’une pathologie politique qui sévit désormais en France. Manipulé, terrorisé ou impressionné par le lobby sioniste, il ramène tout à l’antisémitisme, comme si la France était une province d’Israël. Le ministre de l’Intérieur, englué dans ses contradictions, tente maladroitement de raccrocher les wagons de l’islamophobie et de la christianophobie (Word ne reconnaît pas le mot) à la locomotive de la judéophobie. Hélas, même les journalistes aux ordres ont du mal à avaler la couleuvre. Personne ne l’a vu sauter au cou des Femen comme il l’a fait avec Dieudonné quand elles ont pissé dans nos églises, ce qui leur aurait valu la mort par lapidation dans une synagogue ultra-orthodoxe d’Hébron. Après ça, soutenir qu’on lutte également contre toutes les discriminations est une vaste blague.
« C’est la première fois, depuis la dernière guerre mondiale, que dans Paris on crie mort aux juifs. Il y a eu des slogans, des pancartes, contre les étrangers, contre les musulmans, contre la République, contre les journalistes, bref, tout ce qui fonde, et le vivre-ensemble, et la démocratie. Quand vous avez… autant de gens qui vont sur le site de monsieur Dieudonné M’Bala M’Bala, quand les sites et les propos d’Alain Soral, qui se déclare national-socialiste, euh, connaissent un tel succès, quand cette rumeur qui s’est répandue dans les écoles, sur un prétendu enseignement de la théorie du genre, provoque des retraits d’enfants dans nos établissements scolaires, le rôle des politiques, nous en avons parlé sur la sécurité, c’est pas de cacher, c’est de dire la vérité, c’est de nommer les choses pour mieux combattre, pour mieux combattre ce qui est l’émergence d’un front de tous les contraires et de tous les antisémitismes, qui font un mal terrible à la France. »
Le ministre de la république sioniste
« Je pense que les Français sont profondément républicains, et que ils ne supportent pas, qu’ils rejettent le racisme, l’antisémitisme, les actes antimusulmans, antichrétiens, ils ne le supportent pas, mais il y a aujourd’hui des groupes, qui grâce notamment à Internet, ont une influence qui a été décuplée. »
Merci pour l’hommage en passant. Notre ministre, qui insiste sur les valeurs républicaines, ne semble là que pour défendre une seule communauté, et on le comprendrait si elle était attaquée… ce qui n’est pas le cas : elle dispose en effet d’un arsenal défensif juridique, médiatique et politique très puissant. Malgré ses propos dans le JDD, soulignés par Florian Philippot, « c’est la première fois depuis très longtemps qu’on hurle la haine du juif » (une provo des RG ?), on n’a toujours pas vu dans les médias de juif lynché comme Dieudonné l’est depuis dix ans.
« Quand ces gestes ont été commis devant l’école de Toulouse, on a tué, on a tué des enfants parce qu’ils étaient juifs, quand Alain Soral fait le même geste au mémorial du martyr juif à Berlin, c’est un acte antisémite. Et faisons attention parce que c’est ce parti antisémite, ce front des extrêmes mais qui s’en prend aussi aux musulmans, qui s’en prend aussi euh, aux étrangers, qui rejette au fond tout ce qui existe dans notre société, les valeurs de ce pays, les valeurs fondamentales de la France, et nous devons agir. Se taire, ne pas dénoncer, ne pas agir, serait pire. Surtout, et vous avez raison, en ce jour du 6 février. »
Au delà de cet amalgame aussi comique qu’incohérent, il faudrait expliquer au ministre qu’il n’y a pas de « front des extrêmes », qu’il s’agit seulement de Français en colère contre la prise du pouvoir évidente et éhontée des communautarismes (juif et gay), au détriment de la communauté nationale (hétéro et goy), qui jusqu’à présent ne faisait aucune distinction. La voilà dénoncée, pilonnée, attaquée comme antisémite et homophobe, uniquement parce qu’elle n’est ni sioniste ni homosexualiste. Incroyable piège sémantique, qui oblige à être pour Israël et les gays, sinon pour les idées nauséabondes :
« Ce climat nauséabond, cette manifestation d’il y a dix jours dans Paris, ces rumeurs dans l’école, c’est toujours le même groupe, ces rumeurs elles viennent du site de monsieur Soral, qui se réclame je le rappelle, du national-socialisme. »
Pour l’instant, la Gestapo, elle n’est pas du coté d’E&R.
Pourtant, il est une troisième voie, authentiquement démocrate, elle, qui ne distingue pas les juifs des goys, les hétéros des gays, et qui s’appelle la tolérance à la française, mâtinée d’humour gaulois, histoire de dédramatiser les tensions, qui jusque-là nous avait plutôt bien réussi. Le modèle est un peu à retaper, certes, mais son principe fondamental est solide : une communauté n’a pas à prendre le pouvoir au détriment des autres (chrétienne, musulmane, hétérosexuelle), en les criminalisant, en les salissant, en les excluant du débat public et en les condamnant au piège de l’expression insurrectionnelle, synonyme de répression.
Valls contre Philippot : 1930 contre 2030 !
La répression, grossière et contre-productive, voilà bien une technique qui ne fonctionne pas avec le vice-président du Front national, qui maîtrise son sujet et son langage. Florian Philippot, d’entrée, tout en douceur et en sourire, envoie une quenelle sous forme de torpille à retardement :
« Nous visons tous l’assimilation républicaine, je sais qu’il y a une multiplication de rapports autour du Premier ministre qui sont diffusés, qui combattent le modèle républicain, qui nous parlent d’inclusion, qui nous parlent de société communautarisée, qui nous parlent d’enseigner à l’école les héros de l’Histoire de France issus de l’immigration et autres inepties, mais si nous sommes véritablement français dans notre ADN, nous tenons à l’assimilation républicaine, en tout cas moi j’y tiens. Comment faire l’assimilation républicaine avec 200 000 entrées par an ? Nous visons tous à ce que ces étrangers, si un jour ils deviennent français, ils soient, fiers de la France, éternellement attachés à la France, quand même, monsieur Valls !
– Je vois là où vous voulez nous amener, monsieur Philippot... »
Valls pense alors coincer Philippot sur Dieudonné, considéré comme indéfendable. Mais le conseiller de Marine Le Pen trouve la parade :
« Vous vous êtes juste ridiculisé sur cette affaire-là, parce que passer un mois sur l’affaire d’un humoriste et d’une quenelle alors que les Français ont d’autres préoccupations et qu’ils vous attendaient sur la sécurité, les cambriolages, les agressions, la question des Roms et que vous n’en parliez plus, je crois que vous avez déconsidéré votre fonction, vous avez créé un climat de tension dans notre pays, un climat malsain, vous avez donné une image inquiétante de vous-même. »
Incapable de se défendre – cela supposerait une reprogrammation en catastrophe ou une intelligence adaptative – la Machine se fait coincer sur sa vidéo, qui ruine tout son argumentaire :
« Vous avez eu vous, monsieur Valls, des propos extrêmement racistes à Évry, vous savez, vous avez parlé des “white”, des “Blancs”, des “blancos”, “mettez-moi quelques, des Blancs”… C’était du racisme à l’état pur ! […] Mais… est-ce que j’ai le droit de dire que vous êtes raciste ? Non, parce que je ne sonde pas les cœurs et les lèvres, et je laisse la justice faire, je ne suis pas la XVIIe chambre correctionnelle. »
Allusion fine au nouveau local de Dieudonné. Le premier flic de France, déstabilisé, tente alors l’interrogatoire musclé, à base de pression psychologique et de raccourcis diaboliques :
« Vous n’avez pas d’avis sur monsieur Soral, que madame Le Pen connaît, et qui se réclame comme national-socialiste !
– J’ai répondu très clairement, mais je ne me mets pas à la place de la justice, je vous dis monsieur Valls, changez d’obsession, vous m’avez l’air un petit peu à cran avec cette affaire-là. »
On assiste alors à une inversion des fonctions, le jeune Philippot donnant une leçon de responsabilité républicaine au vrai numéro 2 du gouvernement :
« J’ai lu votre interview dans le JDD, “il y a une haine du juif en France aujourd’hui”, vous êtes parfaitement irresponsable de dire ça en tant que ministre de l’Intérieur ! […] “Il y a une haine du juif aujourd’hui en France”, mais, mais vous délirez, vous vous baladez en France ? […] Je crois que vous êtes obsédé par les années 30, mais où est l’Allemagne nazie, où est l’Italie fasciste ? Où est l’URSS ?
[…] Intéressez-vous à 2030 plutôt qu’à 1930. »
Philippot, déjà gagnant aux points, termine par un KO :
« 87% des demandes de suppressions de tweets dans le monde viennent de la France et de l’Etat français, je trouve ça inquiétant. »
Muet, sonné, le ministre retrouve des couleurs avec l’invité suivant.
Finkielkraut, Maître à penser de Valls
« Je me retrouve souvent, dans les propos, euh, les pensées, les réflexions, les écrits, d’Alain Finkielkraut, quand il défend la laïcité, la lutte contre les fondamentalismes… »
Sauf le fondamentalisme sioniste ! Trêve de plaisanterie. Après avoir déversé sa rage contre les deux responsables de l’éclatement de la France (Dieudonné et Soral, toujours absents lors de leurs procès télévisés), Valls se détend en présence d’Alain Finkielkraut, que le public plateau regarde comme un animal étrange. Il est vrai que le philosophe accompagne sa pensée d’une gestuelle très personnelle. Peut-être due à un sentiment d’insécurité, les fauves Dieudonné et Soral étant toujours en liberté.
Alain Finkielkraut :
« C’est difficile de, me concentrer pour cette interpellation après ce que je viens d’entendre, je suis vraiment remué et j’aurais aimé me trouver face à Florian Philippot pour parler de Dieudonné, d’Alain Soral et de ces cris qu’on a entendus, en effet, la Shoah c’est bidon, Faurisson a raison, la Shoah c’est bidon. Bien, mais ce n’est pas mon rôle. »
Le clown-philosophe, éternel inquiet (un reliquat du ghetto ?), détend le public avec une vanne qui repose du monologue samplé de la Machine :
« Et puis il y a aussi une place en France pour les Français de souche, il faut pas complètement les oublier… »
Valls contre la France
Justement, la France et les Français, parlons-en. L’autoportrait de Valls est stupéfiant :
« Républicain, absolument. Patriote, de plus en plus. Européen, à condition de changer l’Europe, oui. »
Le ministre théoriquement français va jusqu’à choisir l’anti-France devant les journalistes en plateau :
« Quand un de vos confrères Frédéric Haziza vient de sortir un livre remarquable sur l’extrême droite, en France, et sur les liens entre Dieudonné M’Bala M’Bala, Alain Soral, et un autre personnage qui est à la tête de groupes d’extrêmes droite, il y a des liens aussi entre ces personnages et la famille Le Pen… »
Malgré ces aveux inconscients, Valls se pose, accidentellement, la bonne question :
« Quand vous avez des sites qui sont visités par des millions de personnes, et quand vous avez des gens qui vont désormais à des spectacles et qui savent que ce personnage est un antisémite et un raciste, et qu’il a été condamné par la justice, c’est qu’il y a un problème ! »
Bien vu, pour une fois. Sauf que ce problème l’ayant programmé, le Premier ministre de l’Intérieur ne peut le voir. Et comme tout problème politique, il se résout ni par la censure, ni par la répression – réprimer, c’est répandre, disait Régis Debray – mais par la confrontation démocratique des arguments.
Jouons avec Manu
En remplaçant dans son discours « république » par « lobby », tout s’éclaire, et l’obscur salmigondis de la Machine prend un sens cristallin.
Voir aussi, sur E&R : « Manuel Valls face à Florian Philippot »
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